Spartacus (1960) : 16/20
Le seul film impersonnel de Stanley Kubrick, appelé par Kirk Douglas pour remplacer Anthony Mann à la réalisation de ce péplum au pied levé (Anthony Mann ne tournant que les premières scènes du film à la mine de sel). Le générique du film réalisé par Saul Bass est d’entrée magnifique avec les statues romaines défilant à l’écran de manière sobre et presque dans une ambiance lugubre, annonçant le ton du film. Le destin de Spartacus est quasiment une figure biblique, les références à la Bible étant parfois sous entendu que ce soit en introduction ou par les protagonistes. Le long déplacement des esclaves traversant l’Italie pour rejoindre la mer fait beaucoup penser à l’exode du peuple juif conduit par Moïse. En cela, Kubrick n’hésite pas à filmer quelques séquences pour s’attarder sur le peuple des esclaves : femmes, enfants, personnes âgées, nains qui composent le cortège. Le message sur l’esclavage ne s’applique pas uniquement à l’époque romaine et la scène où tous les esclaves survivants se lèvent pour se désigner en tant que Spartacus est particulièrement émouvante. La réalisation est parfaitement soignée, certaines séquences sont mémorables en plan large comme les mouvements de cohortes romaines face à l’armée des esclaves. Il y a également ce plan où Spartacus et ses hommes montent une pente à cheval alors qu’en arrière plan, une nuée d’esclaves descendent une colline. Il y a aussi le campement des esclaves en bord de mer avec une quantité de feux qui semblent s’étendre à l’infini. Le casting et l’interprétation des acteurs est assez exceptionnel, Kirk Douglas, Laurence Olivier, Charles Laughton et Peter Ustinov font des merveilles. On ne peut oublier Tony Curtis avec cette séquence pleine de sous entendu avec les huîtres et les escargots. L’issue de l’avenir de Spartacus ne dépendra pas des batailles et des actions qu’ils mènent mais uniquement du jeu des alliances et des complots entre généraux romains et sénateurs. Il est d’ailleurs intéressant de voir que l’ambition de Crassus qui est celle de dominer Rome dans un premier temps est chamboulée avec l’arrivée de Virinia, la femme de Spartacus. Spartacus est un des meilleurs péplums jamais tourné (avec Ben Hur) par le sérieux du thème, de sa mise en scène et de ses interprètes.