L’épouse de la nuit (Sono Yo No Tsuma), 1930 : 14/20

Très beau film dramatique où un jeune père se résout à voler de l’argent pour soigner sa fille malade. La scène du vol et de la fuite dans la ville est parfaitement mise en scène dans le style américain (grands bâtiments). Pendant ce temps la mère s’occupe de sa fille malade. On sait tout de suite que la nuit peut être critique pour la petite fille. Il y a ainsi de suite un suspense réel, le père va-t-il échapper à la police présente partout. La fille va-t-elle survivre ? Beaucoup d’événements vont se passer jusqu’au matin, avec certaines scènes d’émotion. Ozu fait quelques panoramiques pour filmer les détails de l’appartement de la famille. Jouets, ustensiles, de nombreuses affiches de cinéma américain. On pourrait reprocher néanmoins une fin un peu longue.

« Un superbe mélodrame romantique où plusieurs thèmes d’Ozu viennent nourrir une histoire pleine de gravité et de charme : la place de l’enfant au sein d’une famille pauvre, le combat désespéré des parents pour faire vivre leur enfant. La force du film réside dans ce combat, dans cet effort d’aller au-delà de ses limites, au risque de se perdre. Malgré la faute commise, le mari aura toujours l’appui de sa femme. Mais cette faute n’ira jamais jusqu’à l’irréparable. L’idée qu’Ozu se fait du policier est importante. S’il agit avec une fermeté de policier, il montre un côté humain, très respectueux vis-à-vis de cette famille pauvre qu’il va voir vivre durant une nuit. Il laissera même fuir le mari. Une scène reflète sa double personnalité. Il jette une fleur pour prendre l’eau, mais il en laisse un peu et remet la fleur soigneusement. Le vol est l’introduction du film. L’enfant, le support. Le policier, le détonateur. Les parents, la puissance de l’émotion et l’étonnant reflet d’un esprit de sacrifice familial. » Olivier Gamble, Guide des Films, Bouquins. ***

http://www.imdb.com/title/tt0021406/?ref_=fn_al_tt_1