Les trois lanciers du Bengale (The Lives Of A Bengal Lancer), 1934 : 16/20
Grand film d’aventures se passant en Inde, le réalisateur montre à la fois tout le charme du pays et la vie à travers une caserne militaire. On y voit la différence entre plusieurs mentalités : celle du colonel (vieux grincheux), et des trois lieutenants. C’est un rôle en or pour Gary Cooper qui non seulement protège le jeune officier sortant d’école mais qui héroïquement essaie de sauver son régiment. La fin est assez époustouflante, une scène à La horde sauvage avant l’heure. La rivalité entre les deux lieutenants plus âgés que ce soit à cheval, avec les femmes et qui dure tout au long du film est bon esprit et procure certaines scènes intéressantes (celle du cobra).
« Chef d’oeuvre du film d’aventures, couronné de nombreux oscars à sa sortie, superbement interprété par Gary Cooper, voila un classique du cinéma qui se revoit toujours avec plaisir. » Jean Tulard, Guide des films, Bouquins. ***
« Comme dans Peter Ibbetson, le film suivant d’Hathaway, c’est encore grâce à l’extrême froideur du ton, à la tranquille impassibilité du narrateur que Les trois lanciers du Bengale a pu si bien résister aux outrages du temps, après avoir captivé à son heure et lors de multiples ressorties des millions de spectateurs, passionnés par ses qualités et sa densité de récit d’aventures, par ses personnages au relief sobre et sans complaisance. Maître de l’action, peintre attentif de la violence, Hathaway, cinéaste assez méconnu et dont les points de vue sont souvent très originaux, est on ne peut plus éloigné de ses pairs. Il diverge autant de Ford, par exemple, et de sa chaleureuse identification aux idéaux des groupes sociaux qu’il dépeint, que de Walsh, si proche quant à lui, non de l’idéologie de ses personnages (qui en général n’en ont guère), mais de leurs combats, de leurs élans et de leurs appétits quotidiens. Hathaway préfère cultiver la distance. Il note et observe avec une sécheresse volontaire les réactions des personnages et leur plus ou moins grande aptitude à maîtriser leurs émotions. Il ne cache pas, même s’il n’y insiste jamais, que le personnage qu’il admire le plus est sans doute le colonel Stone, le moins sympathique et le moins « humain » des héros du film, mais celui auquel l’intrigue donnera constamment raison. Avant les autres, il avait jugé et critiqué l’inexpérience dangereuse de son fils, qui entraînera effectivement la perte des biens les plus précieux et la mort d’un des hommes les plus valeureux du régiment. Avec une sorte de cruauté minutieuse et réaliste – celle d’un homme qui ne veut pas s’en laisser conter – Hathaway fait ainsi l’éloge du professionnalisme, avant même celle du sacrifice et de l’héroïsme, exprimant très nettement sa méfiance vis-à-vis du sentimentalisme et de l’attendrissement. » Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma : les films, Bouquins.
http://www.imdb.com/title/tt0026643/?ref_=fn_al_tt_1