Allegri - Miserere + Giovanni Perluigi da Palestrina - Missa Papae Marcelli (4,66/5)
01 | Crucifixus | Antonio Lotti | ***** |
02 | Stabat Mater Dolorosa | Giovanni Pierluigi da Palestrina | ***** |
03 | Miserere Mei | Gregorio Allegri | ***** |
04 | Missa Papae Marcelli – Kyrie | Giovanni Pierluigi da Palestrina | ***** |
05 | Gloria | Giovanni Pierluigi da Palestrina | **** |
06 | Credo | Giovanni Pierluigi da Palestrina | ***** |
07 | Sanctus and Benedictus | Giovanni Pierluigi da Palestrina | **** |
08 | Agnus Dei I | Giovanni Pierluigi da Palestrina | ***** |
09 | Agnus Dei II | Giovanni Pierluigi da Palestrina | **** |
La tradition est étonnante : c’est le processus de transmission d’une pratique ou d’une coutume établie. C’est exactement ce que le Miserere d’Allegri est devenu. Il était chanté chaque année pendant l’existence d’un chœur à la chapelle Sixtine et il est aujourd’hui chanté dans toutes les cathédrales le Jeudi saint. Lorsque j’étais choriste à Canterbury, je gagnais un florin pour avoir tenté de chanter ces fameux « abbellimenti » (même le second aigu, moi-même dans un rôle pas très noble, en gagnait un !)
Allegri lui-même était ténor dans le chœur de la Chapelle Sixtine mais n’était pas le compositeur prolifique qu’était Palestrina. Ce dernier présidait les musiques de Rome avant même la naissance d’Allegri. Les choristes du monde entier connaissent sa Messe Papae Marcelli ; c’est sans doute la messe la plus célèbre de tous les temps. Mais elle a été écrite pour prouver quelque chose. Le Concile de Trente avait décidé que la musique devenait trop fleurie, trop complexe ; les paroles de la messe étaient pratiquement inaudibles et, par conséquent, le message des Écritures ne parvenait pas à la congrégation. Ainsi, au lieu d’écrire une musique simpliste, Palestrina fait exactement le contraire et produit une tapisserie complexe pour les voix, mais où les mots sont toujours apparents – clairement indiqués et souvent peints de manière exquise. Et le secret de l’interprétation est de penser et de respirer comme un seul homme – c’est alors une joie de chanter et une joie d’entendre.
Harry Christophers, carton original CD.
Né à Palestrina, petite ville proche de Rome, Giovanni Pierluigi de Palestrina (1525-1594) fit carrière dans la cité pontificale. Il fut associé à certaines des plus respectées et des plus célèbres de ses églises : La Cappella Giulia de Saint-Pierre (où il débuta sa carrière comme maître des chœurs en 1551 et où il passa ses dernières années), la chapelle Sixtine, Saint-Jean de Latran et la basilique Sainte-Marie Majeure (où il fit son apprentissage de soprano, enfant, et où il revint comme maître de chapelle en 1561).
La Missa Papae Marcelli était incluse dans le deuxième recueil de messes que le compositeur publia en 1567. La légende selon laquelle cette œuvre persuada le concile de Trente (1545-1563) de réserver une place à la musique polyphonique dans l’office divin est assez tirée par les cheveux. Toutefois, sa structure homophonique et pourtant variée correspondait de toute évidence à l’intelligibilité textuelle désirée par les autorités ecclésiastiques. Cette œuvre démontre aussi l’art suprême du contrepoint de Palestrina. Son traitement ordonné de la dissonance et les entrelacs aux proportions magnifiques de ses lignes mélodiques ont constitué un modèle pour des générations de compositeurs qui désiraient maîtriser ce que l’on a baptisé le stile antico (style ancien) du contrepoint.
L’approche musicale de Harry Christophers est superbe : phrasé d’une grande flexibilité et douceur, tempo fluide et agréable – tout ce que Palestrina avait probablement à l’esprit. De plus, les voix se mêlent avec une onctuosité telle qu’elles ne semblent en former qu’une.
Naomi Matsumoto, Les 1001 œuvres classiques qu’il faut avoir écoutée dans sa vie.