Au Terminus des Prétentieux

            L’organiste aveugle Antonio de Cabezon était l’un des musiciens les plus éminents d’Espagne dans le deuxième quart du XVIe siècle, au service des empereurs Charles Quint et Philippe II. Le présent enregistrement d’Accentus offre un large répertoire de compositions publiées pour clavier ou instruments à cordes pincées, mais jouées ici, comme elles auraient pu l’être à l’époque, par un ensemble varié d’instruments anciens, dont des flûtes à bec, des violes, une harpe double, un clavecin, un orgue et des percussions, selon des principes suggérés dans des sources contemporaines.

                                                                                                                        Carton original CD.

            La musique pour clavier atteignit son apogée dans l’Espagne du XVIe siècle avec Antonio de Cabezon (1510-1566), qui, malgré sa cécité, devint musico de la camara de la cour espagnole en 1538. Il accompagna le futur Philippe II à Londres entre 1554 et 1555 à l’occasion des noces du prince avec Marie Tudor.

            La musique de Cabezon est principalement préservée au sein de deux recueils publiés respectivement en 1557 et 1578. Le premier, intitulé Libro de cifra nueva, comprend trente-sept de ses compositions. Le second, Obras de musica para tecla, arpa y vihuela, publié à titre posthume par son fils, Hernando, est entièrement consacré à son œuvre.

            Les Diferencias sont des variations sur des thèmes dérivés de danses ou de chansons populaires. Un ensemble de diferencias, habituellement continu, passe sans interruption d’une variation à l’autre. Dans les exemples présentés ici, le compositeur traite la mélodie originale de deux manières, soit en l’ornementant de façon complexe, soit en faisant la mélodie principale sur laquelle viennent se greffer les autres voix.

            Cet enregistrement présente divers aspects de l’œuvre de Cabezon, dont quatre ensembles de diferencias. La musique est jouée par un ensemble varié qui fait usage de diverses combinaisons instrumentales d’une pièce à l’autre, voire même au sein d’un même morceau. La notation musicale de Cabezon n’indique pas d’instrument particulier, et compte tenu de tous ceux on disposait alors à la cour espagnole, elle aurait très bien pu être jouée par une formation instrumentale.

                          Naomi Matsumoto, Les 1001 œuvres classiques qu’il faut avoir écoutées dans sa vie.