Les sentiers de la gloire (1958) : 20/20
Premier chef d’œuvre de Kubrick, film qui révèle déjà, selon moi, son génie de la mise en scène. Comment ne pas être impressionné par les deux travellings dans les tranchées, le premier avec le général Mireau, et le second encore plus impressionnant avec le colonel Dax. La steadycam n’était pas encore inventé mais lorsque l’on voit la fluidité du mouvement, et surtout le cadrage à mi-hauteur, en légère contre plongée, tout est déjà là. On reconnaît là du génie à la Welles, qui la même année réalise le plus beau travelling / plan séquence de l’histoire du cinéma, dans la Soif du mal. Mais on ne peut pas se limiter uniquement à ses deux plans. Il y a également le travelling sur l’attaque du 701e régiment sur le champ de bataille. La caméra se concentre en général sur le Colonel Dax mais c’est un véritable tour de force. On est impressionné également sur les gros plans du visage de Dax, une composition de l’image tout à fait moderne pour un film de 1958. Le film sur la première guerre mondiale, montre dans la première partie les conditions des soldats dans les tranchées et leur combat, puis en seconde partie le procès et la sentence. Toute la première partie est totalement immersif par la mise en scène et le montage, ce qui en fait un des films les plus réalistes sur la première guerre mondiale. La deuxième partie est tout à fait dans le style cynique de Kubrick, style qu’on retrouvera dans Dr Folamour et Orange Mécanique en particulier. Les sentiers de la gloire est donc l’œuvre base du cinéma de Kubrick, le film qui le fait rentrer dans la classe des très grands. Au point même que Kirk Douglas fera appel à lui pour l’immense projet de Spartacus, pour remplacer au pied lever Anthony Mann. Le film est parfaitement découpé ne laissant aucun temps mort, il se termine brillamment par la prisonnière allemande en pleurs qui chante devant les soldats français avant qu’ils repartent au front.