Cent dollars pour un shériff (True Grit), 1968 : 16/20
Excellent western avec une idée assez originale et jamais vu jusqu’ici. Il est rare de voir un personnage féminin principal dans un western, encore moins une adolescente. Celle ci est aussi tenace et têtue que le shériff bourru et alcoolique interprété par John Wayne. Leurs forts caractères se complètent parfaitement pour une chasse à l’homme. Evoluant dans des décors somptueux, nos héros sont à la recherche d’un tueur sans scrupules. Ils rencontreront plusieurs personnages plus ou moins sympathiques. Les scènes sont fortes, inoubliables (charge de John Wayne contre quatre bandits, le trou au serpent, la dernière chevauchée de Blackie, la mort des deux premiers bandits) et on a plaisir de voir des seconds rôles qui seront bientôt des stars (Dennis Hopper et Robert Duvall, excellents). Un western à connaître.
« Enfin un beau rôle pour John Wayne, après quelques films trop « familiaux ». L’Ouest vieillit et ses héros aussi, mais il se dégage de Cogburn une sympathie touchante, et l’on comprend bientôt que c’est la propre gentillesse du « Duke ». Quand il charge en faisant tournoyer sa winchester qu’il tient par le pontet, on se trouve en face du dernier des chevaliers, de l’ultime preux des temps modernes. John Wayne ? Un homme d’un autre âge. » Jean Tulard, Guide des Films, Bouquins. **
« Ultraclassique, le scénario permet à John Wayne de jouer avec son propre personnage, acceptant de paraître son âge et de camper un vieux cow-boy borgne, philosophe et irascible. Mais Hathaway n’a pas su éviter le piège du sentimentalisme, et les rapports du shérif quasi retraité et de la jeune orpheline paraissent bien souvent artificiels et mièvres. Restent quelques chevauchées, deux ou trois chargeurs vidés et des seconds rôles attachants, parmi lesquels on reconnaît Robert Duvall et Dennis Hopper. » Aurélien Ferenczi, Télérama, Le guide du cinéma chez soi. T
« Initialement, le personnage de Mattie Ross devait être joué par Mia Farrow, mais celle-ci, rencontrant Robert Mitchum sur le tournage de Cérémonie Secrète, de Joseph Losey, entendit de la part de son partenaire le plus grand mal de Henry Hathaway… Craignant que ce dernier ne se comporte en despote et ne la persécute, Mia Farrow insista alors pour que Hathaway soit remplacé par Roman Polanski, qui l’avait dirigée dans Rosemary’s Baby. Hal B. Wallis, le producteur du film, refusa, et Mia Farrow décida de ne pas jouer. Wallis choisit alors pour la remplacer Kim Darby, une actrice relativement peu connue. Autant Glen Campbell demeure assez terne, autant Kim Darby est au contraire excellente, formant avec John Wayne un superbe couple. Pour la première fois de sa carrière, ce dernier reçut un Oscar, celui du meilleur acteur. Effectivement, le moment où il charge Ned Pepper et ses trois acolytes est saisissant. Tenant entre ses dents les rênes de son cheval, armé d’un colt dans la main gauche, d’une winchester avec laquelle il tire et qu’il réarme en pleine action dans la main droite, Rooster Cogburn fonce sur ses adversaires tel un demi-dieu. Tout aussi belles sont les scènes où il galope en portant Mattie entre ses bras pour tenter de l’arracher à la mort provoquée par la morsure d’un serpent ou celle, plus sensible, où Cogburn se confie à Mattie et lui parle de son passé, de sa femme et de ses blessures. Comme dans les Quatre Fils de Katie Elder, qu’il avait réalisé quatre ans plus tôt, Hathaway signe un western efficace et riche en scènes d’action, visiblement passionné par le personnage de ce vieux shérif borgne campé par John Wayne et par ses rapports avec une jeune fille impétueuse, armée d’un énorme revolver et prête à affronter tous les dangers pour venger son père… » Patrick Brion, Le Western, Editions la Martinière.